Le Chemin des Peintres est un itinéraire historique et culturel qui met en regard le patrimoine paysager d’Auvers et les oeuvres des plus grands peintres du XIXe siècle. Répartis en 6 secteurs sur l’ensemble de la commune, ces sites préservés invitent à un ressenti intemporel.
S’il désigne au sens figuré la conduite à tenir pour atteindre un but, il caractérise au sens propre la voie qui permet de joindre un lieu à un autre. Aussi, par définition, le « chemin » se distingue des axes tous tracés en épousant les
inégalités mouvementées du terrain, avec toutes les surprises que celles-ci peuvent recouvrir. 
Quoi qu’il en soit, accidenté ou sinueux, le chemin induit une temporalité et un mouvement à l’image peut-être de ceux qui invitent aujourd’hui certains citadins à se tourner vers la ruralité, vers la nature, et à renouer avec des valeurs souvent occultées par la vie 2.0 à très haut débit. 
C’est d’ailleurs ce qui fait toute la spécificité d’Auvers : ses hameaux, de Cordeville au Valhermeil, «cheminant» dans un cadre hydrologique, géologique et topographique vertueux, qui lui confèrent cette profusion végétale et cette lumière si singulières, qui ont tant plu aux Parisiens avides de campagne, lorsque les routes et le chemin de fer du XIXe siècle leur ont, à l’époque déjà, permis de s’extraire de la ville.
Que dire alors des peintres ? 
Des peintres soucieux d’élargir leur geste et leur objet vers de nouvelles perspectives, vers de nouveaux horizons ? Et bien qu’eux aussi ont été sensibles à ces hameaux, à ces quartiers, à ces espaces alliant douceur, quiétude et diversité de paysages ; combinant avec poésie bâti architectural et abondance végétale ; enchâssant finalement tant de sites charmants sous une lumière encore une fois, si spécifique, si magique.
C’est pourquoi, de Daubigny à Van Gogh, tous ceux qui découvriront Auvers l’immortaliseront.
Dans son Histoire de la Paroisse et de la Commune d’Auvers-sur-Oise publiée pour la première fois en 1906, Henri Mataigne ne veut oublier aucun de ces peintres et a posteriori nous non plus.
C’est la raison pour laquelle la mission locale Labellisation UNESCO a entamé dès 2016 ce long et minutieux travail de collecte et de référencement des artistes, afi n d’identifi er et archiver leur venue à Auvers depuis qu’ils ont décidé de « sortir de leurs ateliers » pour se consacrer à la peinture de paysage. 
Et le Chemin des Peintres, c’est cela. 
Plus qu’un chemin ou un itinéraire historique et patrimonial à proprement parler, il s’agit en réalité d’une représentation matérielle du passage par Auvers des plus grands peintres paysagistes du XIXe siècle, passage mis en regard avec notre patrimoine naturel et architectural aujourd’hui intact. Autrement dit, le Chemin des Peintres est l’expression concrète et palpable du véritable musée à ciel ouvert qu’est devenu Auvers au fil du temps.
En outre, s’il est aujourd’hui intact, c’est qu’il est de notre responsabilité de le préserver et de le valoriser.
Pour ce faire, indépendamment des grands travaux menés ces cinq dernières années, les membres de la mission locale pilotée par le Service Culturel Municipal travaillent actuellement en partenariat avec l’Université Paris Nanterre, au classement du Chemin des Peintres au Patrimoine Mondial de l’UNESCO et, plus largement, au repositionnement d’Auvers en qualité d’ « école » à part entière, au coeur de l’Histoire de l’Art.
Le projet est ambitieux, mais sa mise en oeuvre réaliste.
La tâche est lourde, mais l’enjeu considérable.
Nous y arriverons, et le Chemin des Peintres n’est qu’une première étape !
Isabelle Mézières,
Maire d’Auvers-sur-Oise
 
Dans la seconde moitié du XIXe siècle, la peinture de paysage s’affirme petit à petit comme un genre important dans la hiérarchie artistique. Délaissant le modèle classique italien et quittant l’atelier pour aller peindre directement sur le motif, les peintres explorent les alentours de la capitale, alors centre névralgique du monde de l’art.
Explorant d’abord Barbizon et la forêt de Fontainebleau, ils se déplacent progressivement vers l’ouest, suivant la Seine jusqu’aux côtes normandes. Si ces différents territoires sont bien identifiés dans l’histoire du paysage français, celui de la vallée de l’Oise, qui joue pourtant un rôle important avec une occupation continue du pré-impressionnisme au postimpressionnisme, est une étape encore à explorer.
La région se distingue par une grande variété de paysages et un caractère encore très rural qui séduit les quelques 300 artistes qui ont parcouru la vallée. 
Parmi eux, beaucoup se sont arrêtés à Auvers-sur-Oise. 
Le recensement des tableaux qui représentent le village et ses alentours témoigne autant de la transformation de l’occupation du territoire et des pratiques sociales que de l’évolution des pratiques artistiques et des goûts esthétiques.
La ville d’Auvers-sur-Oise se déploie d’ouest en est le long de la rivière.
À l’ouest, un peu à l’écart du centreville, le quartier Valhermeil charme les peintres par son caractère pittoresque. Alors que le pays s’industrialise à grande vitesse, les artistes recherchent à rendre l’image d’une ruralité immuable, celle-là même que les bourgeois veulent accrocher sur les murs de leurs appartements haussmanniens comme autant de fenêtres ouvertes sur une France éternelle. Si les motifs semblent se perpétuer de génération en génération, ils sont l’objet d’une recherche esthétique toute personnelle et moderne. 
Ainsi de Daubigny à Cézanne, les peintres du pré jusqu’au postimpressionnisme ont trouvé dans ces paysages vallonnés, où nature et architecture se côtoient, matière à travailler à des compositions et des perspectives originales. Chaponval et les Rémys furent aussi des quartiers particulièrement prisés les peintres,et ceci même avant l’installation du Docteur Gachet aux Rémys en 1872.
De nombreux peintres se retrouvent autour de ce médecin, amateur d’art et parmi eux Van Gogh, qui arrive là en 1890 par la halte de Chaponval.
L’arrivée du train à Auvers dès 1846 permet au citadin de venir prendre l’air et de profi ter des premiers loisirs (guinguette, canotage, pêche et baignade) qui s’implantent au bord de l’eau. Avant même le développement de ces loisirs modernes, les rives de l’Oise ont attiré les peintres qui trouvent dans ces paysages aquatiques, un motif propice à l’étude des effets changeants de la lumière se refl étant sur l’eau.
Au nord du territoire auversois, s’ouvre la plaine, dont les champs de blés ont beaucoup inspiré Van Gogh. Le peintre qui fi nira sa vie à Auvers semble trouver dans ces grandes étendues de blé un écho à sa solitude et à sa mélancolie. Les champs s’étendent également autour de l’église et du cimetière.
Situé juste au-dessus du centre-ville où il a son atelier, Daubigny s’est très souvent promené sur la route qui les borde. Après lui, ce sont plusieurs générations de peintres qui arpenteront cette route afin de rendre la poésie et la lumière de ces paysages.
Félicie Faizand de Maupéou
Université Paris Nanterre
Ingénieure de recherches
LABEX - Les Passés dans le Présent
De l'atelier au paysage
Au musée Daubigny
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